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par la fièvre, je ne pus que m’étendre sur la berge et me reposer.

Remis en marche, nous croisâmes beaucoup de villages déserts, dont les récoltes avaient été détruites par les gens de Nyanngoué. Enfin, nous nous arrêtâmes vers neuf heures du soir, et l’on dressa le camp.

Pendant la dernière partie de l’étape, ma fièvre s’était accrue au point de me faire chanceler comme un homme ivre. À peine si je pouvais mettre un pied devant l’autre. Mes yeux en délire prenaient les pyramides blanches des fourmilières pour ma tente. Mon erreur découverte se renouvelait aussitôt ; j’espérais que cette fois il n’y avait pas de méprise, et, d’illusion en illusion, j’avançais, bien que n’en pouvant plus.


Poteries du Manyéma.

Le lendemain, j’allai un peu mieux ; mais la fatigue fut très grande ; j’avais les pieds si écorchés que je fus obligé de fendre mes bottes.

Nous arrivâmes chez Roussoûna le 29, après avoir traversé un pays excessivement fertile, où le mpafou, l’arbre à copal, le chêne africain, le tek et autres essences précieuses étaient en grand nombre. À un endroit, nous avions rencontré un massif de muscadiers ; et, sur une longueur de quarante à cinquante pas, le sol était littéralement couvert de muscades.

Une affaire, dont le résultat aurait pu être beaucoup plus grave, se produisit pendant cette marche. Des gens de Nyanngoué, qui allaient chercher du cuivre chez Tipo, s’étaient joints à nous ; ils furent reconnus par les indigènes pour d’anciens ennemis, ce qui nous fit adresser une volée de flèches.

Le désordre se mit immédiatement dans la caravane, et deux