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Vouaroua qui appartenaient à Kassonngo ; ils nous dirent que leur maître avait de nouveau quitté sa résidence, et était alors à Mounza. Je continuai ma route.

À dix minutes de la maison de Méricani, je rencontrai les hommes que j’avais envoyés à Foumé a Kenna ; ils étaient accompagnés d’un guide, auquel la régente avait dit le matin même de venir me trouver. Mais ce n’était qu’une simple politesse, l’apparence d’un bon vouloir ; le lendemain, quand je voulus me servir du guide, il avait disparu.

J’appris alors que le chef avait donné l’ordre, si je revenais en son absence, de lui annoncer mon retour immédiatement et de ne pas me laisser repartir.

Djoumah, rempli pour moi d’attentions délicates, m’envoyait du tabac et du riz, sachant que, dans la contrée, il n’y avait pas d’autres rizières que les siennes. Quant à son tabac, la semence en était venue de l’Oudjidji, qui a la réputation méritée de fournir le meilleur tabac d’Afrique.

À peine arrivé, je me rendis chez Alvez pour m’informer de l’époque de notre départ. Il me dit qu’il était prêt, que les esclaves étaient réunis, l’ivoire emballé, et que n’ayant plus d’articles d’échange, il était fort désireux de partir. Je pouvais être certain qu’aussitôt que le roi serait rentré, et que nous aurions pris congé de lui, nous nous mettrions en marche.

Alvez m’affirmait en outre que deux mois nous suffiraient pour atteindre Bihé — ce n’était plus à Cassangé qu’il se rendait — et que pour aller ensuite de Bihé à Benguéla ou à Loanda, il ne me faudrait pas plus de quinze jours ou trois semaines.

Mais j’étais condamné à subir de nouveaux désappointements : Kassonngo ne revint qu’à la fin de janvier. Après cela, il y eut chaque jour de nouveaux retards, dus principalement à la couardise et à la fausseté sans égale d’Alvez.

Pendant les heures d’ennui, heures si nombreuses et si longues qui précédèrent le retour de Kassonngo, j’eus tout le loisir de questionner Djoumah et ses hommes sur leurs différents voyages. Parmi les six cents porteurs qu’avait mon hôte, en surplus des esclaves, il s’en trouvait quelques-uns des bords du Sânnkorra. Je pus ainsi acquérir une idée assez juste de la position des lacs et des rivières de l’Afrique centrale et des rapports qu’ils ont entre eux.