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au premier bond ; et les imprudents furent lancés dans la vase, d’où ils ne sortirent qu’à grand’peine, et avec l’aide de ceux qui suivaient prudemment la chaussée. On dit que beaucoup d’hommes se sont perdus dans ces fondrières.

Au milieu du marais, se trouvait un ruisseau limpide de dix pieds de large et de six de profondeur, courant sur un lit de sable jaune, qui paraissait ferme ; mais ce lit doré n’avait qu’une épaisseur de quelques pouces, et reposait sur la vase mouvante,

Çà et là de grands arbres minces, formant des bouquets aussi serrés que possible et enveloppés d’un réseau de lianes, sortaient brusquement de la nappe herbue, sans bordures, sans buissons d’aucune sorte.

Vues d’une faible distance, ces fondrières ont l’aspect de vertes prairies, dont ces bouquets d’arbres rehaussent grandement la beauté. Ce n’est qu’en entrant dans ces marais que l’illusion se dissipe. Au moment où j’en approchai, la scène avec son tapis et ses îlots de verdure, avec la caravane, en file indienne, s’y déroulant comme un énorme serpent noir, me parut saisissante.

Environ à quinze milles avant d’atteindre la résidence de Lounga Mânndi, on me montra l’endroit où le premier traitant de race blanche, qui pénétra dans l’Ouroua, établit son camp. D’après les rapports des indigènes, ce traitant, qui venait du Bihé, dirigeait sa caravane à la manière d’Alvez ; et je crois que sa visite fut peu goûtée des habitants.

À mesure que nous avancions, nos malades allaient de mieux en mieux ; tous avaient recouvré la santé quand nous arrivâmes chez Lounga Mânndi.

Le village de Lounga se trouvait dans une vallée riche en bois et en eaux courantes, où il s’élevait parmi des collines de grès, à cime plate. C’est dans cette vallée que, pour la première fois, j’ai vu des fourmilières pareilles à celles du midi de l’Afrique[1].

  1. Here for the first time I saw ant-hills similar to those in South Africa. À quelles fourmilières du midi de l’Afrique est-il fait allusion ? Le termite belliqueux est celui qui passait jusqu’à présent pour avoir les plus grandes retraites, et la hauteur de ses édifices sud-africains est généralement de dix à douze pieds. Ce dernier chiffre est celui de Smeathman ; Jobson a dit vingt pieds, le maximum des citations n’arrive pas à vingt-cinq. La similitude est-elle dans la forme ? Ces monuments de plus de seize mètres de haut sont-ils des cônes entourés de clochetons, comme les plus grandes fourmilières qu’on ait décrites, ou des tourelles à large toiture, comme celles du Termes mordax ? La muraille est-elle d’argile rouge, ainsi que l’est toujours la bâtisse du belliqueux, où de terre d’alluvion grise ou noire, comme le sont les demeures de l’atroce ou du mordant ? Nous avons bien, page 304, le croquis d’une