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exportés dans l’Amérique du Sud, et peut-être aux Indes occidentales.

De petites cases à fétiches s’élevaient en dehors de l’enceinte de Msoa ; devant ces cases, il y avait des amas de cornes et de mâchoires d’animaux sauvages, déposées là comme offrandes aux dieux de la guerre et de la chasse, pour obtenir la continuation de leurs faveurs.

Partis de Msoa, nous traversâmes des bois et des savanes, puis un large marais drainé par la Louvoua, qui, divisée en plusieurs branches, allait au sud rejoindre le Loubouri, l’un des tributaires du Loufoupa.

Nous nous arrêtâmes dans une grande plaine absolument nue : pas un arbre, et le feu en avait récemment détruit l’herbe. L’excessive chaleur du sol, unie aux rayons dévorants d’un ciel sans nuages, était intolérable. À cette journée ardente succéda la nuit la plus froide que j’eusse encore passée en Afrique. Le matin, mon thermomètre ne marquait dans ma tente que 8o 3/9[1].

Comme nous allions partir, le neveu d’Alvez et les esclaves qui s’étaient approprié les grains de verre laissés chez Lounga Mânndi prirent la fuite. Au moment du départ, on leur avait ôté les fers qui les enchaînaient depuis la découverte du vol, et on leur avait donné des ballots, en leur rappelant que, en arrivant à Bihé ils subiraient la peine qu’ils avaient encourue. Ces menaces n’étaient pas faites pour les retenir ; bref, dès que cela fut possible ils décampèrent.

Alvez se mit à leur poursuite, et le départ fut contremandé ; mais Coïmbra allait faire des vivres dans un village qui se trouvait sur la route que nous devions prendre ; je profitai de l’occasion pour quitter la place et en chercher une moins cuisante.

  1. Tous les degrés, indiqués dans le texte d’après le thermomètre de Fahrenheit, sont marqués ici à l’échelle centigrade. Cette température de 8o ne semble pas bien rude ; mais ainsi que dans la région polaire, où un chiffre très bas du thermomètre ne représente pas, chez l’homme de nos contrées, une impression de froid égale à celle que lui produisent nos gelées ordinaires, ici, un chiffre qui n’a rien de rigoureux est le signe d’une température pénible. « Le matin, dit Livingstone, le thermomètre marque 10o, et nous avons très froid. Dans cette saison ajoute-t-il, les Balonnda ne quittent jamais leurs feux avant neuf où dix heures. » Et le célèbre docteur eut les pieds gelés entre les 11o et 12o degrés de latitude, plus près de l’équateur que des tropiques, alors que, pendant le jour, il avait 32o de chaleur, à l’ombre la plus épaisse. (Note du traducteur.)