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Ma réponse ne dut pas le satisfaire ; je ne sais même pas si elle fut polie. Dans tous les cas, je gardai pour moi une gigue, plus les rognons ; et je donnai le reste à mes hommes. J’avais en outre rapporté deux tourterelles, ce qui me fit un repas somptueux : rôti de venaison, tourterelle grillée, jeunes pousses de fougère en guise d’asperges.

La marche suivante eut lieu sur un terrain fécond, autrefois cultivé, maintenant désert, où, après avoir fait sept milles, nous fûmes arrêtés par les grandes herbes. Il fallut retourner sur nos pas, regagner l’autre rive d’un cours d’eau, que nous venions de franchir, et mettre le feu à l’herbe pour nous ouvrir un passage. Quand la flamme eut un peu avancé, je la suivis dans l’espoir de faire bonne chasse ; mais je ne vis que de petits oiseaux et beaucoup de rapaces, surtout des milans, qui fondaient en plein incendie pour y saisir les fugitifs, et qui parfois étaient victimes des flammes.

Le sentier paraissait alors se dérouler sur la ligne de faîte qui partage les eaux entre les rivières que reçoit le Loualaba au-dessous de Nyanngoué, et celles qui le rejoignent en amont du Kassali. Nous traversions des lagunes encombrées d’herbes et qui donnent naissance à de nombreux ruisseaux, près de l’un desquels nos bivouacs s’établirent. Un chef du voisinage vint nous faire une visite ; il me dit les noms de toutes les rivières que nous avions passées ; mais quand je lui demandai le sien et celui de son village, il se leva sans me répondre et se sauva, craignant que je ne voulusse user contre lui de quelque sortilège.

Le lendemain, nous nous rendîmes chez Foundalannga, dont la résidence est peu éloignée de la frontière, et où nous fîmes une halte de trois jours pour acheter des vivres. La route nous avait fait traverser d’énormes fourrés de bambous, s’étendant sur un espace d’environ huit milles.

Nous trouvâmes dans le village beaucoup de ruches, dont la cire est recueillie avec soin comme objet de commerce ; elle est vendue en grande quantité aux caravanes qui reviennent du Katannga, et qui la payent avec le cuivre qu’elles rapportent de cette province.

À la fin de l’étape suivante, le Loubirandzi fut passé, et nous entrâmes dans l’Oulonnda ; c’était le 27 juillet 1875.