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chaille minuscule, ressemblant au vairon. Les indigènes profitent des inégalités du sol pour endiguer de larges étendues, qui, lorsque les eaux se retirent, forment des étangs sans profondeur. À cette époque, des ouvertures sont pratiquées dans les digues et palissées d’un clayonnage. L’eau s’écoule par ces trouées ; le poisson, mis à nu, est recueilli ; on le fait sécher et on l’exporte dans le voisinage, ou bien on le vend aux caravanes.

Le 28 août, nous arrivâmes chez Katenndé, grand chef de l’une des sections du Lovalé, qui autrefois ne composait qu’un seul État, et qui aujourd’hui forme deux ou trois gouvernements.

Il y avait là, disait-on, beaucoup de poisson sec ; et plus encore sur les rives du Zambèse, à treize ou quatorze milles au sud de notre bivouac. On décida qu’il y aurait séjour ; et tous nos chefs de bande envoyèrent acheter de ce poisson, qui devait payer les vivres dont ils auraient besoin dans le Kibokoué.

J’envoyai également une escouade faire l’achat de cet article d’échange, et lui donnai six de mes vionngouas. Je n’en conservai que deux ; c’était là tout ce qui me resterait, quand j’aurais dépensé mon poisson.

Le lendemain, j’allai avec Alvez faire une visite à Katenndé. Nous le trouvâmes en grande cérémonie, assis sous un arbre et entouré de son conseil. De chaque côté de l’arbre était une case à fétiche ; l’une de ces chapelles contenait deux images d’animaux inconnus ; dans l’autre, il y avait des caricatures de la forme divine de l’homme. Une corne de chèvre, suspendue comme talisman à une branche, se balançait à quelques pieds de la figure du noir potentat.

Celui-ci, en grand costume, était paré d’une chemise d’indienne, d’un chapeau de feutre et d’une longue jupe, composée de mouchoirs de couleur. Il ne cessa pas de fumer tant que dura l’entrevue, car c’est un amateur passionné de « l’herbe apaisante ». Sa provision de tabac étant presque épuisée, je gagnai son estime en lui donnant un peu de la mienne ; il me rendit en échange une volaille et des œufs.

Je le questionnai sur Livingstone, qui avait passé chez lui en 1854 ; mais la seule chose qu’il put me dire au sujet de cette visite, fut que le grand voyageur était monté sur un bœuf, circonstance qui paraissait avoir laissé dans sa mémoire une em-