Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE III


Départ de Kikoka. — Établissement du camp. — À la recherche des provisions. — Chemin de traverse. — Course inutile. — Levée du tribut. — Msouhouah. — Villages fortifiés. — Une caravane arabe. — Offrande aux esprits. — Baobabs. — Kisémo. — Le Lougérengéri. — Les Monts Koungoua. — Simmbaouéni. — Sa reine. — Rapports terrifiants sur le marais de la Makata. — Paresse. — Désertion et point d’honneur.


Le 28 mars, ennuyé d’attendre, je me décidai à partir, laissant aux Béloutches du fort de Kikoka les ballots que je ne pouvais pas emporter, et dont se chargeraient les hommes qui viendraient avec Murphy.

J’appelai mes gens à cinq heures et demie du matin ; il y avait eu dans la nuit sept nouvelles désertions, qui portaient à vingt-cinq le chiffre des absents. Un plus grand nombre encore étaient cachés dans le village, dans l’herbe, dans la jungle ; de sorte qu’il nous fut impossible d’être en marche avant dix heures.

La maladresse se joignait à l’indolence ; il n’y avait pas moyen d’apprendre aux askaris à charger les ânes d’une manière convenable ; nous étions obligés de faire leur besogne, tandis qu’ils se croisaient les bras. Livrés à eux-mêmes, ils essayaient d’attacher la croupière autour du cou ; et plaçaient le coussinet de façon à le rendre complètement inutile.

Enfin la caravane s’ébranla. Pendant plus de deux heures, la marche fut agréable : un pays charmant, un sol ondulé, revêtu d’herbe, entrecoupé de lisières de haute futaie. Çà et là, des buttes couronnées d’arbres et de massifs de verdure ; tandis qu’au loin s’élevait, à notre droite, la chaîne de monticules où est situé Rosako, et où les nids de pillards qui l’avoisinent sont échelonnés sur la route qu’a suivie Stanley ; dans sa recherche de Livingstone.