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du Zambèse, du Niger, de l’Ogôoué[1] et celui des eaux qui tombent dans le lac Tchad. Les petits courants qui drainent le littoral et les montagnes voisines, rivières qui n’égouttent qu’une faible portion du pays, peuvent être négligés dans cette esquisse.

Viendraient ensuite les deux grands déserts qui séparent, au nord et au sud, la zone féconde tropicale de la zone féconde tempérée : le Sahara et le Kalahari.

De ces déserts, le premier est de beaucoup le plus étendu et le plus stérile. Tandis que pendant la saison pluvieuse le Kalahari se couvre d’une végétation qui alimente d’innombrables animaux sauvages, le Sahara, si ce n’est dans ses oasis, autour de quelque source accidentelle, présente toujours un aspect sableux et calciné[2].

Le peu de connaissance que nous avons de l’intérieur de l’Afrique ne permet pas de tracer d’une manière précise la ligne de partage entre deux systèmes quelconques des fleuves cités plus haut. C’est pourquoi les observations suivantes devront être largement modifiées, à mesure que les explorateurs nous ouvriront les contrées actuellement inconnues.

Le bassin du Nil est probablement borné au sud-ouest par la ligne de faîte que le docteur Schweinfurth a découverte[3] ; et au sud

  1. « Nulle part, » dit Onésime Reclus en écrivant le Sahara de cette plume qui tient du pinceau et du burin, « nulle part au monde le mot séparer ne s’applique aussi justement ; plus que les hautes montagnes que franchissent des cols viables, plus que l’Océan bravé par les navires, plus que la toundra affermie tous les ans par la rigidité des froids, le grand désert éloigne l’un de l’autre les régions entre lesquelles il déroule ses sables, ses rochers, ses oasis, élève sans ordre, à une hauteur de mille à deux mille mètres, ses monts de grès ou de granit jaunes, noirs ou rougis par du minerai de fer. Dans cet espace de cinq à six mille kilomètres de long et de mille à deux mille kilomètres de large, contenance de six cent trente millions d’hectares, égale aux deux tiers de l’Europe, douze fois celle de la France, des chardons, des artémises, des buissons épineux, quelques herbes nourries par l’oued invisible, des scorpions, des lézards, le leffà, vipère à cornes dont la morsure tue si vite qu’on l’a nommé serpent-minute, c’est, en dehors des oasis, à quoi se borne toute la vie saharienne. » — (La terre à vol d’oiseau, Paris, Hachette, 1877, vol. II, p. 74.) Mais dans le Sahara plus encore, peut-être, que dans le Kalahari « l’eau a une puissance d’évocation prodigieuse : il suffit d’une nuit mouillée pour vêtir de verdure les sables les plus indigents. » Voyez également pour le grand désert du sud, pour les pays qui l’entourent et leur dessiccation, la Terre à vol d’oiseau, même volume, de la page 115 à la page 134. (Note du traducteur.)
  2. D’après les informations recueillies par M. Marche, et que paraît confirmer ce que nous savons des découvertes de Stanley, l’Ogôoué serait une branche du Congo. (Note du traducteur.)
  3. Cette ligne a été franchie par Schweinfurth dans le pays des Niams-Niams, entre le Lindoukou, sous-affluent du Diour, et le Mbroûolé tributaire de l’Ouellé. Voyez pour