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domine le lac depuis l’embouchure du Rougouvou jusqu’à la pointe Makanyadzi.

Dans l’angle formé par ces deux chaînes, est une vallée basse qui renferme de petits mamelons, couverts de nombreux palmyras et d’arbres de haute futaie d’une végétation luxuriante.

En face de cette vallée, se trouve la grande île de Kabogo, île plate et féconde, séparée de la terre ferme par un canal qui, à différents endroits, a près d’un mille de large, mais qui se resserre aux deux extrémités, où il y a des bancs de sable.

Les montagnes qui, au delà du Rougouvou, surplombent le lac, prennent souvent la forme de falaises. À la face d’un de ces escarpements, j’ai vu, parmi de grandes courbes de même inclinaison, une strate qui m’a paru être de la houille. Le lac était si agité qu’il me fut impossible d’atterrir et de me procurer un échantillon de cette couche intéressante ; mais plus tard il me fut donné un morceau de charbon, recueilli dans l’Itahoua, et qui probablement est de la même sorte ; un charbon léger à cassure brillante, très légèrement bitumineux.

Cette couche houillère reposait sur le granit ; les strates qui l’avoisinaient étaient formées de calcaire et de grès rouge, de marbre et de schiste, parmi lesquels se montraient des fragments de calcaire tendre de couleur grise, et un dépôt rougeâtre pareil à celui du groupe wealdien, dépôt où l’on voyait des masses pierreuses ayant l’aspect du coral-rag du Kent.

Tous les pans de la falaise sont tellement usés par les pluies, déchirés par les torrents, qu’il est presque impossible, lorsqu’on ne les a vus qu’en passant, d’en faire une description exacte.

Juste au delà du promontoire qui porte le nom de Makanyadzi, le granit, couvert de grès, se sépare du calcaire par une ligne très nette ; bientôt la falaise se termine ; les montagnes s’écartent du rivage et se dirigent au loin, laissant entre elles et la côte un pays de plaines, semé de collines basses en forme de mamelons.

Ici, le lac empiète rapidement sur ses bords, dont les contours changent d’une manière incessante. Près de l’embouchure de la Moussamouira, à la place où il y a un an ou deux se trouvaient de grands villages, on ne voit plus actuellement que des bancs de sable, et qui décroissent d’heure en heure.

Après la Moussamouira, les montagnes viennent de nouveau toucher le lac ; j’ai observé toutefois quelques entrées qui pour-