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CHAPITRE VI


Caractère des Vouagogo. — Légitimité du droit de passage. — Ruine complète d’une expédition arabe. — L’Ougogo. — Désertion. — Les Vouagogo. — Boucles d’oreilles extraordinaires. — Coiffures bizarres. — Ornements. — Lutte pour la préséance. — Arbres anguleux. — Chausse-trapes naturelles. — Étonnement des indigènes. — Père adoptif. — Tribu de voleurs. — Affolement de Bombay. — Froide matinée. — Fabrique de sel. — Petite vérole.


On nous avait raconté sur les Vouagogo et sur leurs exactions tant d’histoires surprenantes, que je m’attendais bien à ne pas franchir leur pays sans difficulté. C’étaient, disait-on, de grands voleurs, et d’un caractère si impérieux, que toute avanie de leur part devait être acceptée sans mot dire, tandis que la moindre injure faite à un Mgogo, fût-elle imaginaire, était punie d’une amende qu’il fallait acquitter sur-le-champ ; sinon l’attaque et le pillage de la caravane étaient certains, les Vouagogo ayant non moins de courage que de violence.

Nous les trouvâmes, en effet, d’humeur brutale et cupide, mais aussi poltrons que bravaches : ce sont bien les hommes les plus couards que l’on puisse imaginer. Si tous les gens qui fréquentent cette route, Arabes, Vouanyamouési et autres, n’approchent de l’Ougogo qu’avec effroi, craignant d’y perdre la moitié de leurs marchandises, c’est parce qu’ils y dépendent des habitants pour le pain de chaque jour, et que les Vouagogo, comme tous les lâches, oppriment ceux qui sont à leur merci.

Au fond, le prélèvement d’un droit de passage n’a rien que de naturel, et serait parfaitement juste s’il était perçu avec moins d’arbitraire ; car il faut le reconnaître : si le pays n’était pas habité par des gens actifs, qui entretiennent les citernes et cultivent le sol, on ne pourrait pas le franchir pendant la saison sèche, qui est la meilleure pour les voyages.