Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/30

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qui emplissait toute la maison de son tictac monotone reposait dans un coin.

Le souper fut silencieux. Tandis que mon oncle, la serviette autour du cou, la bouche pleine, faisait honneur à la méthode culinaire de Magdeleine, et que cette dernière allait et venait dans le salon, tantôt pour emporter les assiettes sales, tantôt pour servir le dessert, je me sentais envahi par je ne sais quelle vague tristesse. La nuit me faisait peur; la cure me paraissait plus froide et plus silencieuse qu'un tombeau. Cette solitude pesait sur moi comme un vêtement de plomb. Je songeais à la maison paternelle, toujours pleine de bonheur et d'éclats de rire; à ma mère, qui depuis ma naissance m'avait entouré de cette tendresse, de cet amour qu'on n'apprécie que lorsqu'on en est éloigné, et pour la première fois je souffris de vivre loin d'elle.

« Maintenant, allons nous coucher, » me