Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/46

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cire jaunie ; deux roses se fanaient dans ses cheveux. Une couverture en lambeaux la recouvrait en partie. Groupés à ses côtés, les bohémiens, debout, restaient silencieux. Le chef, qui l’appelait Faouna, s’approcha de sa couche et lui parla à voix basse. La pauvre fille fit signe qu’elle ne pouvait plus remuer les lèvres. Elle voulut s’asseoir sur le matelas. Immédiatement un jeune homme s’agenouilla près d’elle, et, avec mille précautions, la soutint, un bras sur la taille. À ce moment, le soleil se couchait. On eût dit qu’un immense incendie embrasait l’horizon. La gitane contempla longtemps ce spectacle grandiose. La nuit qui tombait lui faisait peur ; elle avait le regret amer d’une vie moissonnée dans sa floraison. Parfois elle remuait sa tête amaigrie, et sa pantomime triste disait : « C’est hier, il me semble, que ma folle jeunesse errait au hasard, en plein soleil,