Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/47

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le long des buissons poussiéreux des grandes routes. Je vivais heureuse ; je n’aurais pas quitté mes haillons pour la robe lamée d’or d’une reine. Une ardente soif d’amour dévorait mon cœur de seize ans. On venait de me fiancer, j’allais devenir la fille du chef ; et voilà que mes beaux rêves s’écroulent. Oui, ce soleil que j’ai vu se lever si souvent, les jours de marche, je le regarde pour la dernière fois, car demain, demain, des milliers de vers hideux ramperont sur ce visage aux contours si purs, dont j’étais fière autrefois. »

Brusquement, Faouna, les yeux gonflés de larmes, se laissa tomber en arrière. Par intervalles, des hoquets coupaient ses sanglots : l’agonie commençait. C’était navrant de voir cette belle créature se tordre et se débattre sous les embrassements de la mort.

Alors le chef se coucha à plat ventre. Les