Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/57

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bleue, à galon doré, couvrait sa tête coton- neuse. Il portait un pantalon gris rapiécé en plusieurs endroits, et un veston de drap noir dont la longueur ne parvenait pas à dissimuler les bouts de ses bretelles. Ses pieds se perdaient dans de gros souliers blancs, à semelles épaisses, ornées de clous rouillés. Pendant que, pressés les uns contre les autres, nous l'examinions en détail, à la dérobée, il promenait sur nous son regard surpris. Quelque chose de farouche se devinait en lui. La méfiance mettait des étincelles au fond de ses yeux rougis par les larmes. On l'eût pris pour un de ces louve- teaux qu'on essaye en vain d'apprivoiser.

Tout à coup, Pâlot éleva la voix :

« Laisse donc ton couteau tranquille,

grand bêta, et viens jouer avec nous autres, dit-il, en s'adressant au nouveau.

— Je ne veux pas, répondit timidement

l'autre.