Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/88

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pensée; deux cercles bleuâtres les entouraient; ses lèvres blêmies, légèrement arquées, souriaient encore, et ses menottes aux doigts effilés se joignaient dans le geste suppliant de la prière.

J'embrassai ma sœur en pleurant, et je m'agenouillai à ses côtés. Je restai là, silencieux, longtemps, très-longtemps. Soudain un mouvement se fit: des rumeurs confuses, des bruits de voix venus du dehors, montaient jusqu'à nous. Mon père me prit précipitamment par le bras pour me faire entrer dans une chambre contiguë. L'heure de la séparation venait de sonner, De l'endroit où j'étais, mêlés à des sanglots déchirants, j'entendis les coups sourds du marteau des croque-morts; ils clouaient le couvercle de la bière dans laquelle était couchée Thérèse, ma sœur bien-aimée, morte à huit mois !