Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

dait le grondement des eaux infernales. Là, beaucoup des assistants blêmirent, et certains, aux derniers rangs, s’éloignèrent en tâchant de n’être pas aperçus. Car personne jamais n’osait approcher de cette issue environnée d’un silence éternel.

Alors le prince s’avança jusqu’au point extrême où s’étaient jadis posés les pieds d’Alilat et, transfiguré, il ôta son diadème, ses bracelets, ses colliers ; par signes, en silence, fermant parfois les yeux, il commandait qu’on l’aidât. À ses mains élevées scintilla une inestimable vague de pierreries qu’il faisait chatoyer au-dessus des lueurs changeantes du gouffre.

« Athana ! cria-t-il. Ô fée Athana ! Ô puissante fée Athana, surgis et viens à moi ! »

La foule alors, malgré l’autorité souveraine du prince, recula égarée par la terreur. Car la couleur des flammes devint rose, puis jaune, puis verte, puis bleuâtre, et la pointe d’une flamme plus grande émergea et dessina la forme oscillante d’une apparition azurée qui prit un corps, un visage, des bras…

« Athana ! dit Sparyanthis, voici les joyaux de ta fille Alilat, les joyaux de poison. J’y ai joint les rubis d’un sang frais et l’offrande de ma vie dédaigneuse de vivre. Prends ces joyaux, ô fée Athana ! »

Avec un grand cri de joie affreuse, il les laissa tomber dans la grande flamme dansante, et ployant les genoux,