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un sourire étrangement doux, il les baisait et les pressait sur sa chair pour s’en mieux imprégner. Il redevint l’idole pâle, mouillée d’une rosée de pierreries, dont la débauche avait jadis étonné le vaste palais et soufflé la flamme de luxure dans les veines de tout un peuple. Il s’avança, suivi du cortège, et il commença de parcourir les avenues et les bosquets où s’étaient déroulées les phases de son enfance et de son adolescence. Il revit la pièce d’eau auprès de laquelle Alilat était venue le trouver, et ordonna qu’on la desséchât. Puis il vint au ténébreux arceau de verdure où le crime initial s’était commis, et commanda qu’il fût jeté à bas et qu’on y édifiât un mausolée noir. Enfin il se dirigea vers les terrasses inférieures, et tout en marchant il dictait aux dignitaires l’ordre des funérailles de Cimmérion, des mesures urgentes, des édits, avec une voix autoritaire et froide qui surprenait par la majesté. Il descendait toujours vers le centre des sept enceintes étagées. À mi-chemin il chancela, mais appuyé aux épaules des gardes il continua. Glacés de crainte, les Étésiens ne savaient où il allait, et tous suivaient dans un grand bruissement d’armes, à travers les feuillées, avec des sanglots et des paroles étouffées.

Enfin le prince Sparyanthis parvint jusqu’au bord de la crypte terrible qui s’ouvrait dans les entrailles de la terre. On distinguait le reflet rougeâtre et on enten-