Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LETTRE-PRÉFACE

À Georges Rochegrosse.


Voici, mon cher ami, un conte allégorique auquel, toutes moites de lumière orientale, tes aquarelles ont donné la brûlante beauté dont je n’espérais point le vêtir.

C’est à ton art, à ton érudition, à ton amour passionné des races évanouies que j’ai dû d’oublier l’aversion que m’en avaient inspiré tout ensemble l’éducation du collège, — qui nous peint cet admirable cycle sous des aspects si maussades et des couleurs si ternes, — et l’art académique qui le fige dans une esthétique gardant elle aussi tout le rébarbatif d’une grammaire.

Nos romantiques suppliaient qu’on les délivrât des Grecs et des Romains ; tu as bien plutôt délivré ceux-ci du conventionnel dont on les affublait, et tu nous les as montrés tout frémissants de volupté dramatique, aussi proches de nos âmes que la plus intense modernité. Ainsi, lorsque, après des classes ennuyeuses, nous eûmes la curiosité de relire ces poètes d’Athènes et de Rome qu’on nous avait fait