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— II —

ânonner, nous les trouvâmes vivants et splendides, et nous comprîmes qu’on ne nous avait fait voir que leurs sépulcres.

Si donc ce texte rachète par quelque don de la vie son manquement au prestige suprême de l’art d’écrire, c’est à toi que l’éloge en devra faire retour. Et c’est à M. Ferroud que je devrai rendre grâce d’avoir donné, sinon à mon talent, du moins à ma vieille et profonde affection pour toi, l’occasion de s’affirmer solidaire de ta pensée et de ton art.

De mon ouvrage, il n’y a guère à dire. J’y ai mêlé, dans un décor ancien, la magie, la sensualité, l’amour et la mort. C’est un mélange sombre et éternel, un philtre plus puissant que ceux de la fée Athana, et c’est en lui que fume depuis toujours le vertige qui affole l’humanité. De ce conte l’agrément et la meilleure raison d’être seront donc, au gré du public, comme pour tant de ceux que tu as commentés, dans les rêves chatoyants que ton pinceau en fit fleurir. Ils en offriront tout le rehaut et tout le prix. Pour avoir uni nos deux noms et confié au burin si souple et si fidèle de l’excellent graveur Decisy le soin de transposer les créatures éclatantes que ta fantaisie anima, notre éditeur et ami méritera quelque rare offrande. Il est pourtant déjà riche, et cet amateur d’écrins n’a pas négligé, depuis des années, de te demander quelques belles parures grecques, carthaginoises, syriennes, telles que tu sais les choisir dans tes voyages aux pays du faste barbare, telles que tu aimes les ravir sur la chair balsamique des princesses d’autrefois. Pourtant tu as encore trouvé le moyen de l’étonner par une pierrerie nouvelle.

Imprégnée des fatals effluves du sein chaleureux