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Blond et blanc, dans la pénombre chaleureuse, il montrait sans voiles une nudité gracile. Sur ses bras ployés s’inclinait sa tête, comme un fruit trop lourd courbant sa branche : à son cou brillait un collier d’émeraudes, et de son cou à ses pieds ruisselaient sur les sombres étoffes les flots luisants et nacrés de sa chair, à peine ondulée par le souffle d’une respiration égale et lente y déplaçant des ombres subtiles.

Sparyanthis avait dix-huit ans. Il aimait les songes, le silence des parcs, le sommeil, la musique et la lecture, et leur consacrait une vie somptueuse et nonchalante, pendant que son frère aîné, le prince Cimmérion, robuste et belliqueux, recherchait la gloire des batailles lointaines et portait jusqu’aux régions farouches de l’Orient le renom militaire du peuple Étésien que tous deux, depuis la mort du roi leur père, pliaient sous leur volonté. Au fond du vaste palais-citadelle dont les murailles enclosaient de célèbres jardins, des lacs, des falaises de basalte couleur de nuit et de sang, et où s’ouvrait un abîme au sein duquel, disait-on, l’œil ébloui pouvait voir se refléter l’eau brûlante des enfers, au fond de ce palais-citadelle où veillait une armée, depuis de longues semaines déjà le prince Sparyanthis se distrayait avec ses jongleurs et ses femmes en attendant le retour de son frère. Annoncés par des feux aux sommets des montagnes, les premiers chariots de combat