Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 3 —

venaient enfin d’apparaître aux portes de la ville où frémissait une immense rumeur étouffée par les massives murailles et les vastes dédales des portiques précédant l’appartement de Sparyanthis. Une bande de clarté pâle s’étendait à la limite de la campagne et du ciel, et dans les intervalles des tapisseries suspendues aux arceaux, d’obliques lueurs se glissaient.

La jeune fille aux seins nus n’osait éveiller le jeune homme en jetant sur lui, selon l’usage, quelques fraîches gouttes d’eau parfumée, car il souriait, en dormant, à un rêve poursuivi, et ses lèvres s’entr’ouvraient comme pour un baiser.

Cependant la sonorité profonde des cloches de bronze convoquant les gardes dans les cours intérieures parvint faiblement, et l’esclave amoureuse et pensive allait incliner sur le beau visage de Sparyanthis le flacon d’or suspendu à sa ceinture, lorsque avec un grand soupir le dormeur s’agita et ouvrit de lui-même les yeux. Entre les cernures de fard bleuissant brillèrent ses longues prunelles de pierreries.

Il murmura en souriant :

« Que me veux-tu, jeune fille ? Et sur moi penchée, ne viens-tu que pour m’éveiller, ou pour offrir la réalité de ta chair au prolongement de mes songes ? En vérité, je rêvais que vers moi venait une femme auprès de laquelle ta beauté n’est qu’une ombre vaine. Mais je