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le regard de Sparyanthis de découvrir, en cette cohue étincelante du triomphe faisant bouillonner la foule entre les blancs rivages des maisons, le char de guerre où son frère se dressait. Car Sparyanthis aimait profondément son frère. Leurs âmes étaient unies étroitement. Sparyanthis était efféminé, faible, dissolu, mais sagace et savant, le salut du royaume reposait sur quelques secrets magiques que les anciens rois de l’Étésie avaient obtenus des dieux, et seul Sparyanthis savait en comprendre tout à fait la valeur sacrée.

Cimmérion, fait pour les armes, se reconnaissait moins subtil que son frère, et ils s’aimaient mutuellement pour leur faiblesse et leur force. L’aîné, rude et presque chaste, chérissait comme une épouse aux sages conseils l’adolescent frêle au cerveau empli de visions, et tendrement excusait sa luxure et son afféterie. Le plus jeune s’enthousiasmait pour la force fraternelle, et à eux deux, ils étaient les maîtres et les chefs d’un peuple soumis. La nuit, en voyant s’illuminer les galeries extrêmes des palais où Sparyanthis s’enfermait avec les mages autant qu’avec les femmes et, tourné vers le ciel, parmi les instruments d’une science inconnue, poursuivait par l’amour autant que par le songe la recherche des volontés firmamentales, les Étésiens savaient que l’âme tutélaire de leur race veillait au milieu de l’orgie. Et le jour, inclinés devant