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Enfin surgirent aux terrasses les torses maillés d’or des gardes élevant les courbes buccins comme des géants coquillages de bronze ; aux saillies des joues gonflées gicla la flamme hurlante des sonneries militaires, flammes et bronze identifiant leur éclat comme si la fanfare elle-même, matérialisée dans le métal, eût brillé au poing des hommes cambrés en leur effort. Un tonnerre de tambours gronda ; ayant aux deux hanches, fixées aux plis de la ceinture d’étoile, deux gerbes de flèches à plumes bleues, apparurent les archers à turbans, souples comme des femmes dans leurs demi-cuirasses d’écailles, et déjà émergeaient des degrés les cimiers octogonaux des porteurs de haches nimbés par leurs disques d’acier, un buisson de lances s’étoila des fleurs rouges des aigrettes, et un flot de princes aux courts manteaux de peau blanche, vêtus des blancs reflets de leurs manteaux sur leurs armures d’argent, exalta le demi-cercle des épées brandies en saluant l’enfant de diamants et d’émeraudes tendant les mains à leur hommage, puis s’écarta !

Seul, gigantesque scarabée de métal sombre, sans insignes et sans joyaux, sa grande chevelure brune débordant du casque où tremblait un unique faisceau de lames d’or, rejetant sa cape de guerre, le prince Cimmérion souriait à son frère Sparyanthis qui, avec un grand cri, l’étreignit, se jetant sur sa large poitrine,