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cortège des capitaines s’unit à celui des mages et des femmes, et les princes, après un signe d’adieu suprême au peuple dont les milliers de visages criaient vers leur double silhouette dominant l’horizon, pénétrèrent dans les vestibules jonchés de fleurs.

Déjà bruissaient les vaisselles luxueuses des festins et l’enchantement des jardins et des portiques préludait à une ivresse de beauté plus captivante encore selon l’ingénieux et voluptueux génie de Sparyanthis, qui avait préparé aux vainqueurs le contraste des plus violents et des plus suaves plaisirs. La fête s’exalta. L’Étésie entière s’abandonnait à la joie et à l’enthousiasme : sous les yeux de la foule attablée dans les rues, gorgée de mets par les soins des intendants princiers, défilèrent les innombrables chariots de butin et les cohortes de captifs dont s’étonnaient les femmes, et les danses et les chants devaient se prolonger jusqu’à l’aurore prochaine en une immense nuitée d’amour, tandis que les mages réunis autour des autels s’appliqueraient par leurs prières et leurs études à conjurer le malheur futur que les destins ne sauraient manquer de préparer pour compenser une heure aussi belle. Cependant, sur le haut lit de repos qui dominait la salle où s’assemblaient les généraux et les dignitaires, dédaignant de manger, Sparyanthis et Cimmérion s’entretenaient avec ferveur. Étendus sur un amas d’oriflammes conquises, sous un