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sait, pendant que la merveilleuse étrangère, debout devant eux, immobile, les considérait en silence.

Quelques jours après furent célébrées les noces de la princesse Alilat et du prince Cimmérion, et la vie du palais reprit son cours ordinaire. Cimmérion s’adonna aux chasses dans les loisirs que lui laissaient les affaires de la cité ; Sparyanthis, parmi les mages et les femmes, poursuivit sa chère existence de songes et de baisers. La princesse Alilat était confinée dans des appartements très éloignés des siens. Leurs deux palais s’ouvraient aux deux extrémités d’un vaste bois touffu et ténébreux. Ils ne se voyaient qu’en présence du prince aîné, aux heures des festins, dans le conseil de l’État étésien, et ils ne se parlaient presque pas. Pendant assez longtemps Sparyanthis, les soirs, interrogea ses cristaux magiques et ses tables rituelles pour savoir si la femme de son frère avait pu deviner qu’il l’avait réellement vue en songe, ou si le lourd regard presque provocant qu’elle avait attaché au sien n’était dû qu’au hasard. Mais il ne put le découvrir. Que la princesse Alilat lui fût apparue, Sparyanthis n’en pouvait douter : mais qu’elle le sût et eût discerné son mensonge, il ne pouvait l’admettre. L’esprit simple de Cimmérion avait interprété cette apparition comme celle d’un heureux