Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 49 —

sont les deux visages de la passion, nécessaires, indissociables. C’était l’Étésie tout entière qu’elle avilissait, l’Étésie qui avait incendié sa capitale, assassiné ses frères, dispersé ses richesses, saisi sa personne, et qu’elle dominait maintenant du haut des sept terrasses du colossal palais-citadelle, en attendant de la conduire à des destinées que réglerait son génie néfaste, soit qu’elle en usurpât pour elle seule le trône, soit qu’éprise de la vie magique dans la solitude de ses déserts d’Orient, elle créât un colossal cataclysme et s’enfuit sous la mante grossière d’une femme du peuple, à la faveur de l’épouvante, en riant sous son voile. Alors l’accueilleraient, par delà les montagnes sauvages, après bien des jours et des nuits d’exode, les communautés de mages qui décrètent les destinées magnétiques du monde sur les plateaux d’où descendit la première humanité. Reine, elle y vivrait heureuse, jusqu’au jour de la réunion avec les harmonies qui frôlent la terre et emportent les êtres dans les sphères de cristal et de feu où se refondent les incarnations futures.

Ces rêves occupaient Alilat. Elle régna sans conteste sur l’esprit de Cimmérion. Sa parole dans les conseils se révéla d’une sagesse profonde et prévalut : incliné devant sa pensée qui complétait celle de son frère, le conquérant adora son beau corps qui facilement feignit l’enthousiasme pour sa force. Aux heures