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qui ressemble à de l’ennui. Pourtant l’Étésie a soif de calme, et je n’ai pas à mener ses fils à la mort. »

Son visage était grave, et moins brutal que d’habitude. Il considérait avec douceur et attention celui de Sparyanthis qui se troublait. À ce moment Alilat parut et dit :

« Pourquoi, Seigneur, n’entreprendriez-vous point quelque conquête nouvelle ? Seule la cuirasse est assez légère pour votre poitrine, les dalmatiques de soie lui pèsent, et l’ennui est un oiseau noir. Vos cavaleries sont prêtes, dans vos camps les catapultes et les onagres, rouillant leurs ferrures, attendent. Quel que soit notre déplaisir à tous, pourquoi ne pas partir vers une conquête nouvelle ?

Je ne saurais où tourner mes armes, dit Cimmérion. Et je n’ai pas de conquête plus belle que la vôtre et celle de mon frère. »

Sparyanthis tressaillit parce que le regard de Cimmérion s’était encore fixé sur le sien. Il ne fut rien dit de plus ce jour-là.

Avec les heures s’aggrava la mélancolie du prince aîné. Il semblait songer, touché par un mal inconnu. Il disait des choses qu’il n’eût jamais pensées auparavant.

Sparyanthis résolut d’en finir, parce que la douceur de son frère exaspérait sa haine en lui rappelant une