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sauver la ville assiégée, et de la grande déroute obtenue le lendemain par ce sacrifice datait le début d’une ère ininterrompue de conquêtes et de puissances. Alilat parut, au reflet effrayant, illuminée d’un sourire énigmatique et terrible.

Sparyanthis l’observait dans l’ombre. Elle cria trois fois, d’une grande voix sourde qu’il ne reconnut pas :

« Athana ! Ô fée Athana ! Ô puissante fée Athana, viens ! »

Alors une douceur soudaine apaisa la rumeur grondante du feu et la couleur des flammes devint rose, puis jaune, puis verte, puis bleuâtre, et la pointe d’une flamme plus grande émergea et dessina peu à peu la forme oscillante d’une apparition azurée qui prit un corps, un visage, des bras, et ces bras se tendirent vers ceux d’Alilat.

« Ô fée Athana ! fille du feu, ma sœur, dit Alilat, je reviens à toi comme à la reine de ma race, celle qui règne sur les soleils intérieurs de ma patrie chaleureuse dont les hommes étrangers ne reconnaissent que les soleils visibles ! À toutes les ouvertures de la terre primitive sont dressés tes autels. Toute vérité est en toi, et non au firmament qu’on adore en ce pays d’exil où mon culte l’appelle. Car j’ai su les arcanes du feu et je suis une fille de l’Orient ! J’ai besoin de toi pour mon