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qu’elle allait le rejoindre, mais au moment de lui parler, il vit qu’elle se dirigeait vers une autre partie des jardins. Étonné, il se glissa derrière ses pas, leurs formes noires frôlèrent des feuillages, descendirent des escaliers, gagnèrent le centre des terrasses qui s’évidaient intérieurement, en sorte que le colossal palais était surélevé comme un puits autour d’un gouffre. Alors Sparyanthis comprit qu’Alilat se dirigeait vers l’abîme mystérieux où l’on pouvait voir se refléter l’eau brûlante des enfers. Les anciens rois étésiens l’avaient entouré d’une enceinte de murailles épaisses et progressivement s’étaient étagés alentour de ce cratère les dômes, les jardins suspendus, les sept régions de palais de granit accumulés par leurs orgueilleuses descendances. Jamais Sparyanthis n’y était descendu, car les sciences du ciel l’occupaient tout entier, et personne n’en approchait. Il ne concevait même pas comment Alilat pouvait en soupçonner l’existence. Cependant elle y allait sans hésiter, et bientôt ils parvinrent jusqu’à la lueur rougeâtre et au souffle sulfureux et chaud qui décelaient l’orée de cette crypte infernale. En se penchant, on pouvait voir aux parois rouges se dessiner de changeantes ombres noires, les ombres elles-mêmes des flammes géantes qui bruissaient comme un fleuve au lit sinistre de la terre secrète. Le premier roi de l’Étésie s’y était précipité en victime expiatoire pour