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œuvre, ô Athana ! j’aime une vengeance et je venge un amour, Ô Athana ! »

La fée silencieuse tenait ses mains élevées, sans ré- pondre. Alilat, dénouant son collier de pierreries, le lui tendit :

« Ô Athana ! dit-elle, touche ces pierres nées de toi, jaillies de la fournaise où tu vis, et communique-leur ton pouvoir de destruction et de mort ; empoisonne mes saphirs et mes diamants, enlace le trépas dévorant à mes bracelets, afin qu’ils deviennent gouttes et signes de feu pour brûler la poitrine et dessécher la vie de l’homme qui me serre contre lui alors que derrière mon sourire mon âme le hait ! Donne-moi le feu, Athana, pour que meure le prince Cimmérion ! »

La grande forme de flamme bleuâtre vacillait et touchait une à une les pierreries suspendues aux doigts d’Alilat, et c’était comme si la statue de la nuit eût versé à l’enfer les étoiles de tout un ciel ! Sparyanthis, éperdu, écoutait ce dialogue de deux fées, et l’étincelant écheveau de joyaux brûlant dans cette conjuration infernale, c’était la vie même de Cimmérion ! Une horreur sacrée l’étreignait au cœur. Brusque, il bondit vers Alilat, lorsque la fée Athana eut disparu dans les entrailles du sol.

« Que fais-tu ?