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— J’agis, je décide.

— Ainsi, le poison…

— Crois-tu, dit Alilat, que cet homme, depuis ta promesse, m’ait touchée une seule fois sans que je lui aie versé la mort ? Par le contact de mes pierreries, le feu anéantissant l’assaille. Au reste, je lui donne la mort qui lui plaît : sache, ajouta-t-elle avec un sourire amer, qu’il me préfère nue et parée de mes joyaux. Mes colliers se pressent sur sa poitrine, et à mes bras croisés sur sa nuque, mes bracelets, de leur éclat vénéneux, distillent en son cerveau l’ivresse mortelle qu’il prend pour celle de l’amour. Tu m’as suivie, Sparyanthis, maintenant tu sais pourquoi ton frère est pâle et pourquoi il dépérit.

— Je préférais le poignard, dit sourdement Sparyanthis.

— Ta main est faible. Et pourquoi, dit Alilat avec douceur, pourquoi serait-il nécessaire qu’il sût l’approche de la mort ? Il suffit que nous la sachions. »

Mystérieuse elle souriait, fatale et logique ; à ses yeux restait un reflet du gouffre évoqué. Ils remontèrent les avenues nocturnes.

Désormais s’anémia Cimmérion, touché d’un mal inconnu. La ville anxieuse le sut et souffrit. Le palais