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sublime de Cimmérion. Il bondit vers Alilat, la saisit, la rejeta :

« Non ! non ! cria-t-il, tu ne mourras pas contre elle ! Je l’ai possédée, mon frère, ses pierreries empoisonnent, je l’ai su, j’ai laissé faire ! Je t’ai tué ! Tue-moi ! »

Il secouait la grande femme blême accrochée à ses épaules, essayait de tendre un poignard nu au mourant qui, soulevé, hagard, râla :

« Ne la frappe pas ! Je pardonne, épouse-la ! Je t’aime, Sparyanthis, je t’aime. Que personne ne sache… »

En une convulsion suprême, Sparyanthis se jeta sur le corps fraternel, l’embrassa, sentit les deux mains de l’agonisant se poser avec douceur sur sa chevelure ! Mais il sentit une autre main se glisser sur la sienne et essayer de détacher le poignard de ses doigts crispés.

Au même moment, son regard attaché à celui de Cimmérion le vit s’immobiliser, se clore pour jamais. Alors, fou, perdu, avec une violence surhumaine, il ramena d’un coup terrible sa lame dans la direction d’Alilat et l’enfonça dans sa gorge, sans se retourner, comme en rêve.

Un flot de sang le couvrit, il resta couché sur Cimmérion, l’étreignant et sur cette bouche inerte,