Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 73 —

coupable et qui doive être caché ? Je vais vers un pays où ces choses sont naturelles, justes, bénies par les dieux dont les nôtres peut-être ne sont que les images imparfaites. Donne-moi la main, Sparyanthis, et toi, Alilat, donne-moi la tienne, et qu’en celle-ci, large, et rude encore du pommeau du glaive, je saisisse ces deux fleurs fragiles, cette main de femme et cette main d’enfant, et que je meure en les tenant. Il faut que tu épouses Alilat, ô Sparyanthis ! il faut que tu épouses Sparyanthis, ô Alilat ! Ma voix s’affaiblit, je m’en vais, appelez mes capitaines, qu’ils sachent ma volonté. Hâtez-vous !… Tous deux m’avez aimé, mais moi J’ai su l’union de vos âmes, peut-être mieux que vous… J’ai attendu l’heure dernière… Sparyanthis, appelle mes capitaines. Et toi, Alilat, viens contre moi, baigne-moi du feu rafraîchissant de tes pierreries… une fois suprême… »

Alilat, impassible, s’approcha.

« Que faites-vous ? cria Sparyanthis.

— J’obéis au désir du prince », répondit Alilat en souriant.

Alors une vague surhumaine jaillit dans l’âme de Sparyanthis, un cataclysme sans nom, comme celui de la mer se déversant dans les cryptes secrètes d’un volcan, le secoua, l’irradia, broyant sa haine, son remords, sa vie, son amour fraternel épouvanté du vœu