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ouverte encore pour le pardon, son frénétique amour en criant sanglota !

Un tumulte d’armes, de clameurs, lui fit enfin relever la tête. Béants d’épouvante, les gardes, les officiers, les esclaves accourus n’osaient s’approcher du lit royal au pied duquel le regard halluciné de Sparyanthis vit le cadavre d’Alilat étendu dans sa robe écarlate, étincelant de pierreries, baignant dans la splendeur sinistre du sang rouge.

Une force inespérée le soutint. Il se dressa, et d’une voix éclatante, s’adressant à la foule :

« Le prince est mort, dit-il, seul reste devant vous votre prince Sparyanthis, maître des destins de l’Étésie. J’ai puni cette meurtrière, esclave hypocrite à qui est due la mort de mon frère bien-aimé. Pour moi, j’ai peu d’instants à vivre. Que votre force vous guide, ici sont des chefs fidèles que les conseils du prince Cimmérion instruisirent de leur devoir. Obéissez ! Que les joyaux qui couvrent ce corps sacrilège soient arrachés de son cou et de ses bras, et qu’on m’en revête, car il faut que je les porte sur moi quelque temps. Lorsque ce cadavre impur sera dénudé, qu’on l’enlève de cette salle et qu’il soit jeté au gouffre où l’on jette ceux des criminels. Hâtez-vous ! »

Il ordonnait, roidi, farouche. Alors les esclaves tremblantes le parèrent des bijoux empoisonnés, et avec