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LES BELLINI.
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plus mouvementée, de la mosaïque à la peinture sur toile (en négligeant la fresque). À la fin du xive siècle, Venise est encore d’un siècle en retard sur les autres villes d’Italie ; au milieu du xve siècle, elle a rejoint ses rivales.

Sans quitter l’église Saint-Marc, on peut constater cet immobilisme de l’art vénitien primitif. Il suffit de comparer les plus anciennes mosaïques de la façade, représentant la translation des reliques du saint (porche nord), qui sont du milieu du xiiie siècle, avec certaines mosaïques décorant le baptistère, relatives à la vie de saint Jean-Baptiste, datant du milieu du xive siècle. De part et d’autre, la tradition byzantine s’est scrupuleusement conservée, la technique et l’esprit n’ont pas changé.

La même observation s’impose devant les quelques peintures anonymes qu’on peut faire remonter aux débuts de l’école. Ni le crucifix de Saint-Marc (1290) — l’œuvre la plus ancienne qui soit parvenue jusqu’à nous. — ni le couvercle du sarcophage conservé dans le couvent de Sainte-Agnès (1297 ?), ni le bas-relief coloré de la basilique de Santo Donato (1310), qui marque les premiers pas de l’école de Murano, ni les décorations ornant le cercueil du bienheureux Leone Bembo (1321), actuellement dans la cathédrale de Dignano (lstrie), ne trahissent la moindre indépendance, la moindre tendance à s’affranchir du style byzantin.

Nous ne connaissons rien de Teofane, ni de Gelasi, ni de Scutario, ni des autres « pintores » dont la pieuse érudition des critiques vénitiens s’est plu à peupler le xiie et le