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LES BELLINI.

xiiie siècle. Le premier dont on puisse déterminer l’œuvre avec quelque certitude est Paolo di Venezia, qui travailla, avec ses deux fils, vers le milieu du xive siècle ; mais, à en juger par les tableaux du musée de Vicence et par les panneaux de la Pala d’Oro de Saint-Marc qui lui sont attribués, il se contenta, comme ses prédécesseurs, de transporter sur bois le style de la mosaïque byzantine et demeura absolument étranger à l’art giottesque, déjà en faveur depuis près de cinquante ans.

Ce phénomène est d’autant plus curieux qu’il se manifeste uniquement dans la peinture. On a cherché en vain à l’expliquer par la situation politique de Venise, absorbée, à cette époque, dans son mouvement d’expansion commerciale et dans sa lutte contre Gênes. Ni en architecture, ni en sculpture, on ne constate un tel retard. Les œuvres des frères Massegne (fin du xive siècle) et les sculptures décorant la façade du palais Ducal — Adam et Eve, l’Ivresse de Noé (début du xve siècle) — témoignent suffisamment de l’originalité du génie artistique de Venise. On ne peut prétendre davantage que la mosaïque suffisait pleinement aux besoins de la République, puisque, par deux fois, celle-ci fut contrainte de faire appel à des peintres étrangers, par suite de l’insuffisance de l’école locale.

Nous savons, en effet, que Guariento, qui, avec Giusto Padovano, suivait, à Padoue, l’impulsion donnée par Giotto lors de son séjour dans cette ville (1303-1306), fut appelé à Venise pour décorer de fresques la salle du Grand Conseil. Il y peignit, en 1365, un Couronnement de la Vierge,