Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/102

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Les fêtes qui eurent lieu à Versailles pour le mariage du dauphin, furent très-brillantes. La dauphine y arriva pour l’heure de sa toilette, après avoir couché à la Muette, où Louis XV avait été la recevoir, et où ce prince, aveuglé par un sentiment indigne d’un souverain et d’un père de famille, avait fait souper la jeune princesse, la famille royale et les dames de la cour avec madame Du Barry.

La dauphine en fut blessée ; elle en parlait assez ouvertement dans son intérieur, mais elle sut dissimuler son mécontentement en public, et son maintien fut parfait[1].

    table que la malicieuse gaieté des Français, leur penchant au dénigrement et trop souvent à la calomnie, ne pussent trouver l’occasion de les attaquer.

    La comtesse de Noailles tourmentait sans cesse la reine par mille représentations sur ce qu’elle aurait dû saluer celui-ci de telle façon, celui-là de telle autre. Paris sut que la reine l’avait nommée madame l’Étiquette ; selon la disposition des esprits, les uns approuvèrent ce sobriquet, les autres le blâmèrent, mais tous jugèrent les dispositions de la jeune reine à s’affranchir d’entraves fatigantes.

    (Note de madame Campan.)

  1. Voyez les Mémoires de Weber, T. Ier *. En général, les Mémoires de cet écrivain qui était frère de lait de Marie-Antoinette, complètent ce que madame Campan a dit de cette princesse : les deux ouvrages sont presque inséparables.
    (Note de l’édit.)

    *. 2 vol. in-8o  qui font partie de la Collection, mais qui se vendent aussi séparément.