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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/122

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les princesses jouaient mal. La dauphine s’acquittait de quelques rôles avec finesse et sentiment. Le bonheur le plus réel de cet amusement était d’avoir tous les costumes très-élégans et fidèlement observés. Le dauphin prenait part aux jeux de la jeune famille, riait beaucoup des figures des personnages, à mesure qu’ils paraissaient en scène, et c’est à dater de ces amusemens qu’on le vit renoncer à l’air timide de son enfance, et se plaire dans la société de la dauphine.

Le désir d’étendre le répertoire des pièces que l’on voulait jouer, et la certitude que ces amusemens seraient entièrement ignorés, avaient fait admettre mon beau-père et mon mari à l’honneur de figurer avec les princes.

Je n’ai su ces détails que long-temps après, M. Campan en ayant fait un secret ; mais un événement imprévu pensa dévoiler tout le mystère. La reine ordonna un jour à M. Campan de descendre dans son cabinet pour y chercher quelque chose qu’elle avait oublié ; il était habillé en Crispin et avait même son rouge ; un escalier dérobé conduisait directement à cet entresol dans le cabinet de toilette. M. Campan crut y entendre quelque bruit, et resta immobile derrière la porte qui était fermée. Un valet de garde-robe, qui en effet était dans cette pièce, avait de son côté entendu quelque bruit, et, par inquiétude ou par curiosité, il ouvrit subitement la porte ; cette figure de Crispin lui fit si grande peur, que cet homme tomba à la ren-