Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/130

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dans une même voiture. La scène imposante qui venait de se passer sous leurs yeux, les idées multipliées qu’offrait à leur imagination celle qui s’ouvrait pour eux, les avaient naturellement portés vers la douleur et la réflexion : mais, du propre aveu de la reine, cette disposition, peu faite pour leur âge, cessa en entier vers la moitié de la route : un mot plaisamment estropié par madame la comtesse d’Artois, fit éclater un rire général, et de ce moment les larmes furent essuyées. La circulation entre Choisy et Paris était immense : jamais on ne vit plus de mouvement dans une cour. Quelle sera l’influence de Mesdames tantes ? de la reine ? Quel sort réserve-t-on à la comtesse Du Barry ? Quels ministres le jeune roi va-t-il choisir ? — Toutes ces questions furent décidées en peu de jours. Il fut arrêté que l’âge du roi exigeait qu’il eût près de lui une personne de confiance ; qu’il y aurait un premier ministre, et les yeux se fixèrent sur MM. de Machault et de Maurepas, tous deux fort âgés : le premier, retiré dans sa terre auprès de Paris ; le second, à Pontchartrain, où il avait été très-anciennement exilé. La lettre pour rappeler M. de Machault était écrite, lorsque madame Adélaïde obtint la préférence de ce choix important en faveur de M. de Maurepas. On rappela le page qui était muni de la première lettre[1].

  1. Ce fait a été mis en doute ; mais je puis assurer que Louis XVI s’adressa à M. Campan pour rappeler le page ; qu’il le trouva prêt