Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/135

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du jeune monarque, le soutenait dans les mêmes principes.

La reine s’entretint, avec M. Campan, du regret qu’elle avait de ne pouvoir contribuer à faire rappeler M. de Choiseul, et lui en confia les motifs. L’abbé de Vermond qui, jusqu’à l’époque de la mort de Louis XV, avait vécu avec M. Campan dans la plus étroite intimité, entra chez lui le second jour de l’arrivée de la cour à Choisy, et prenant un air sérieux et sévère : « Monsieur, lui dit-il, la reine eut hier l’indiscrétion de vous parler d’un ministre auquel elle doit être attachée, et que ses amis désiraient vivement de revoir auprès d’elle ; vous savez que nous devons renoncer à voir le duc à la cour ; vous en connaissez les motifs ; mais vous ignorez que la jeune reine m’ayant fait l’aveu de cet entretien, j’ai dû, comme instituteur et comme ami, lui faire les représentations les plus sévères sur le tort qu’elle avait eu de vous communiquer les détails qui sont à votre connaissance. Je viens en ce moment vous annoncer que si vous continuez à profiter de la bienveillance de votre maîtresse, pour vous initier dans les secrets de l’État, vous aurez en moi l’ennemi le plus prononcé. La reine ne doit avoir ici que moi pour confident des choses qui doivent être ignorées[1]. » M. Campan lui répondit qu’il

  1. L’abbé de Vermond n’était pas blâmable d’empêcher la reine de parler d’affaires importantes à un des officiers de sa chambre ;