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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/150

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cabinet où se trouvait mademoiselle Bertin qui ne pouvait être admise dans la chambre[1]. C’était dans ce cabinet intérieur qu’elle présentait ses nouvelles et nombreuses parures. La reine voulut aussi se servir du coiffeur qui, dans ce moment, avait à Paris le plus de vogue. L’usage, qui interdisait à tout subalterne pourvu d’une charge d’exercer son talent pour le public, avait sans doute pour base de couper toute communication entre l’intérieur des princes et la société toujours curieuse des moindres détails de leur vie privée. La reine, craignant que le goût du coiffeur ne se perdît en cessant de pratiquer son état, voulut qu’il continuât à servir plusieurs femmes de la cour et de Paris ; ce qui multiplia les occasions de connaître les détails de l’intérieur et souvent de les dénaturer.

Un des usages les plus désagréables était, pour la reine, celui de dîner tous les jours en public. Marie Leckzinska avait suivi constamment cette coutume fatigante : Marie-Antoinette l’observa tant qu’elle fut dauphine. Le dauphin dînait avec elle, et chaque ménage de la famille avait tous les jours son

  1. Mademoiselle Bertin se prévalait, dit-on, des bontés de la reine pour afficher un orgueil très-risible. Une femme alla un jour chez cette fameuse ouvrière en mode, et demanda des ajustemens pour le deuil de l’impératrice. On lui en présenta plusieurs qu’elle rejeta tous. Mademoiselle Bertin s’écria d’un ton mêlé d’humeur et de suffisance : Présentez donc à madame des échantillons de mon dernier travail avec Sa Majesté. Le mot est assez ridicule pour avoir été dit.
    (Note de l’édit.)