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Ces règles serviles étaient érigées en espèce de code ; elles portaient un Richelieu, un La Rochefoucauld, un Duras, à trouver, dans l’exercice de leurs fonctions domestiques, l’occasion de rapprochemens utiles à leur fortune ; et, pour ménager leur vanité, ils aimaient des usages qui convertissaient en honorables prérogatives, le droit de donner un verre d’eau, de passer une chemise et de retirer un bassin[1].

Des princes, accoutumés à être traités en divinités, finissaient naturellement par croire qu’ils étaient d’une nature particulière, d’une essence plus pure que le reste des hommes.

Cette étiquette qui, dans la vie intérieure de nos princes, les avait amenés à se faire traiter en idoles, dans leur vie publique en faisait des victimes de toutes les convenances. Marie-Antoinette trouva, dans le château de Versailles, une foule d’usages établis et révérés qui lui parurent insupportables.

Des femmes en charge, ayant prêté serment et vêtues en grand habit de cour, pouvaient seules rester dans la chambre, et servir conjointement avec la dame d’honneur et la dame d’atours. La reine abolit tout ce cérémonial. Lorsqu’elle était coiffée, elle saluait les dames qui étaient dans sa chambre, et, suivie de ses seules femmes, elle rentrait dans un

  1. Quand la reine prenait médecine, c’était la dame d’honneur qui devait retirer le bassin du lit.
    (Note de madame Campan.)