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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/152

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trône, abolit de même cet usage ; elle se dégagea aussi de la nécessité d’être suivie, dans le palais de Versailles, par deux de ses femmes en habit de cour, aux heures de la journée où les dames n’étaient plus auprès d’elle. Dès lors elle ne fut plus accompagnée que d’un seul valet de chambre et de deux valets de pied. Toutes les fautes de Marie-Antoinette sont du genre de celles que je viens de détailler. La volonté de substituer successivement la simplicité des usages de Vienne à ceux de Versailles lui fut plus nuisible qu’elle n’aurait pu l’imaginer.

La reine parlait à l’abbé de Vermond des importunités sans cesse renaissantes dont elle avait à se dégager, et je remarquais qu’après l’avoir écouté elle se jetait avec complaisance dans les idées philosophiques de la simplicité sous le diadème, de la confiance paternelle dans des sujets dévoués. Ce doux roman de la royauté, qu’il n’est pas donné à tous les souverains de réaliser, flattait singulièrement le cœur tendre et la jeune imagination de Marie-Antoinette.

Élevée dans une cour où la simplicité s’alliait avec la majesté ; placée à Versailles entre une dame d’honneur importune et un conseiller imprudent, il n’est pas étonnant que, devenue reine, elle ait voulu se soustraire à des contrariétés dont elle ne jugeait pas l’indispensable nécessité : cette erreur tenait à une vraie sensibilité. Cette infortunée princesse, contre laquelle on est parvenu à soulever l’opinion du peuple français, possédait