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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/176

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Sa mémoire prodigieuse servait son esprit, en lui fournissant les plus heureuses citations ; il savait par cœur depuis les beaux passages de la latinité classique, jusqu’au latin de toutes les prières ; depuis les Œuvres de Racine, jusqu’au vaudeville de Rose et Colas.

Le comte d’Artois était d’une figure agréable, bien fait, adroit dans les exercices du corps, vif, quelquefois impétueux, occupé de plaisirs et recherché dans sa toilette.

On se plaisait à répéter de lui des mots heureux, dont quelques-uns donnaient de son cœur une idée favorable[1]. Les Parisiens aimaient dans ce prince

    quence et à la poésie à vous peindre, Monseigneur, faisant, dans l’âge des plaisirs, vos plus chères délices de la retraite et de l’étude, et partageant ce goût enchanteur avec l’auguste princesse dont les vertus réunies font le bonheur de vos jours. » L’orateur avait placé à la fin de son discours un éloge de feu M. le dauphin, père du roi et de ses frères ; le prince s’attendrit en l’écoutant, et lorsque l’abbé d’Auffreri eut cessé de parler, il s’approcha de lui, et lui dit avec bonté : « Je remercie l’Académie des sentimens qu’elle me témoigne ; je connaissais depuis long-temps sa célébrité ; vous confirmez, Monsieur, l’idée que j’avais de ce corps ; il peut toujours compter sur ma protection. » (Anecdotes du règne de Louis XVI, tome II, p. 21 et 22.)

    Pendant son séjour à Avignon, Monsieur logea à l’hôtel du duc de Crillon : il refusa la garde bourgeoise qui lui fut offerte, en disant : « Un fils de France, logé chez un Crillon, n’a pas besoin » de gardes. »

    (Note de l’édit.)

  1. On trouve, dans un écrit du temps, une repartie qui honore l’humanité du prince. Il s’agissait du sort des prisonniers ; M. le comte d’Artois voulait qu’on respectât toujours en eux le