Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/178

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sont que plus disposés à les peindre d’un seul trait ; ils avaient nommé, peu galamment, ces reparties si redoutées, les coups de boutoir du roi.

Très-méthodique dans toutes ses habitudes, le roi se couchait à onze heures précises. Un soir la reine devait se rendre, avec sa société habituelle, à une réunion chez le duc de Duras, ou chez la princesse de Guéménée. L’aiguille de la pendule fut adroitement avancée, pour hâter de quelques minutes l’instant du départ du roi ; il crut réellement que l’heure de son coucher était arrivée, se retira, et ne trouva chez lui personne de réuni pour son service du soir. Cette plaisanterie circula dans tous les salons de Versailles, et y fut désapprouvée. Les rois n’ont pas d’intérieur ; les reines

    fortuné où ils allaient enfin subir le supplice. Grand Dieu ! sous un bon prince, des sujets qui envient l’échafaud ! Jour immortel, soyez béni ! j’ai acquitté le vœu de mon cœur, de décharger le poids d’une si grande douleur dans le sein du meilleur des monarques. »

    » On remarqua à ce morceau la plus grande attention du roi et des princes ses frères. Le comte d’Artois fit même, au sujet de ce qu’il venait d’entendre, une très-belle repartie. Le lendemain, à son lever, un courtisan égoïste et corrupteur, ainsi qu’ils le sont presque tous, eut l’insouciance d’observer que l’abbé de Besplas s’était plaint mal à propos de la manière dont les prisonniers étaient traités dans les cachots qu’on pouvait regarder comme une partie de la peine que méritent leurs crimes. Le prince l’interrompit alors avec vivacité, en s’écriant : « Sait-on s’ils sont coupables ? on n’en est assuré que par l’arrêt. »

    (Note de l’édit.)