Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

retrouvant, dans le dépôt des écuries, des traîneaux qui avaient servi au dauphin, père de Louis XVI, dans sa jeunesse. On en fit construire quelques-uns d’un goût plus moderne pour la reine. Les princes en commandèrent de leur côté, et en peu de jours, il y en eut un assez grand nombre. Ils étaient conduits par les princes et les seigneurs de la cour. Le bruit des sonnettes et des grelots dont les harnois des chevaux étaient garnis ; l’élégance et la blancheur de leurs panaches ; la variété des formes de ces espèces de voitures ; l’or dont elles étaient toutes rehaussées, rendaient ces parties agréables à l’œil. L’hiver leur fut très-favorable, la neige étant restée près de six semaines sur la terre ; les courses dans le parc procurèrent un plaisir partagé par les spectateurs[1]. Personne n’imagina que l’on eût rien à blâmer dans un amusement aussi innocent. Mais on fut tenté d’étendre les courses, et de les conduire jusqu’aux Champs-Élysées ; quelques traîneaux traversèrent même les boulevards : le masque couvrant le visage des femmes, on ne manqua pas de dire que la reine avait couru les rues de Paris en traîneau.

  1. Louis XVI, touché du triste sort des pauvres de Versailles, pendant l’hiver de 1776, leur fit distribuer plusieurs charrettes de bois. Voyant un jour passer une file de ces voitures, tandis que beaucoup de seigneurs se préparaient à se faire traîner rapidement sur la glace, il leur dit ces paroles remarquables : Messieurs, voici mes traîneaux.
    (Note de l’édit.)