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Ce fut une affaire. Le public vit dans cette mode une prédilection pour les habitudes de Vienne : les parties de traîneaux n’étaient cependant pas une mode nouvelle à Versailles. Mais la critique s’emparait de tout ce que faisait Marie-Antoinette. Les partis, dans une cour, ne portent pas ouvertement des enseignes différentes, comme ceux qu’amènent les secousses révolutionnaires. Ils n’en sont pas moins dangereux pour les personnes qu’ils poursuivent, et la reine ne fut jamais sans avoir un parti contre elle.

Cette mode, qui tient aux usages des cours du Nord, n’eut aucun succès auprès des Parisiens. La reine en fut informée, et quoique tous les traîneaux eussent été conservés, et que depuis cette époque il y ait eu plusieurs hivers favorables à ce genre d’amusement, elle ne voulut plus s’y livrer.

C’est à l’époque des parties de traîneaux que la reine se lia intimement avec la princesse de Lamballe qui parut enveloppée de fourrure avec l’éclat et la fraîcheur de vingt ans : on pouvait dire que c’était le printemps sous la martre et l’hermine. Sa position la rendait, de plus, fort intéressante : mariée, au sortir de l’enfance, à un jeune prince perdu par le contagieux exemple du duc d’Orléans, elle n’avait eu que des larmes à verser depuis son arrivée en France. Veuve à dix-huit ans et sans enfant, son état auprès de M. le duc de Penthièvre était celui d’une fille adoptive ; elle avait pour ce prince vénérable le respect et l’attachement le plus tendre ; mais