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de Rohan, auquel elle faisait, dit-on, espérer de le raccommoder avec la reine. Toute cette affaire fut assoupie, et il n’en circula aucun détail dans le monde ; mais on voit que la destinée de la reine était d’être sans cesse attaquée par les intrigues les plus odieuses et les plus viles[1].

Une autre femme nommée Cahouette de Villers, dont le mari avait une charge de trésorier de France, ayant une conduite fort irrégulière et l’esprit le plus inventif, avait la fureur de vouloir passer aux yeux de ses amis, à Paris, pour une personne favorisée à la cour, où ne l’appelait ni sa naissance, ni aucun emploi. Pendant les dernières années de la vie de Louis XV, elle avait fait beaucoup de dupes, et trouvé le moyen d’escroquer des sommes assez considérables en se faisant passer pour maîtresse du roi. La crainte d’irriter madame Du Barry était, selon elle, la seule chose qui la privait de jouir de ce titre d’une manière avouée ; elle venait régulièrement à Versailles, se tenait cachée dans une chambre d’hôtel garni, et ses dupes la croyaient appelée à la cour par des motifs secrets. Cette femme forma le projet d’arriver, si elle le pouvait, jusqu’à la reine, ou au moins d’établir quelques probabilités qui pussent l’autoriser

  1. Ceux des lecteurs qui désireraient avoir des détails plus circonstanciés sur les manœuvres de Goupil et la surveillance qui les déjoua, peuvent consulter la Bastille dévoilée. Le récit que contient ce recueil avait trop d’étendue pour trouver place ici.
    (Note de l’édit.)