Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/184

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Malgré l’enthousiasme que l’éclat, les grâces et la bonté de la reine inspiraient généralement, des intrigues sourdes agissaient toujours contre elle. Très-peu de temps après l’avénement de Louis XVI au trône, le ministre de la maison du roi fut averti qu’il paraissait un libelle très-outrageant contre la reine. Le lieutenant de police chargea le nommé Goupil, inspecteur de police, de découvrir ce libelle : il vint dire, fort peu de temps après, qu’il avait découvert le lieu où s’imprimait cet ouvrage, que c’était dans une campagne auprès d’Yverdun. Il en possédait déjà deux feuilles qui contenaient d’atroces calomnies, mais présentées avec un art qui pouvait les rendre très-funestes à la renommée de la reine : ce Goupil dit qu’il obtiendrait le reste, mais qu’il fallait une somme considérable. On lui fit remettre trois mille louis ; bientôt après il apporta au lieutenant de police le manuscrit entier et la totalité de ce qui était imprimé : il reçut mille louis de plus, pour prix de son intelligence et de son zèle, et on allait même lui confier un poste beaucoup plus important, lorsqu’un autre espion, jaloux de la fortune de ce Goupil, découvrit qu’il était lui-même l’auteur de ce libelle ; que dix ans auparavant il avait été mis à Bicêtre pour escroquerie ; que madame Goupil n’était sortie que depuis trois ans de la Salpétrière, où elle avait été mise sous un autre nom. Cette madame Goupil était fort jolie et fort intrigante ; elle avait trouvé le moyen de se lier intimement avec le cardinal