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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/201

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rentrer au ministère ou dans le Conseil d’État ; mais cet espoir dura peu : le parti opposé à celui qui le portait, était trop bien établi à Versailles, et le pouvoir de la jeune reine était trop balancé dans l’esprit du roi par d’anciennes et durables préventions ; elle renonça donc pour toujours au projet de faire rappeler le duc. Ainsi cette princesse, que l’on a peinte si ambitieuse et servant si puissamment les intérêts de la maison d’Autriche, échoua deux fois dans le seul projet qui pouvait être utile aux vues qu’on n’a cessé de lui supposer, et passa toutes les années de son règne, jusqu’aux premières secousses de la révolution, environnée de ses ennemis et de ceux de sa maison.

Marie-Antoinette s’occupa très-peu de favoriser les lettres et les beaux-arts ; elle avait éprouvé des désagrémens pour avoir fait représenter la tragédie du Connétable de Bourbon, aux fêtes du mariage de madame Clotilde, sœur du roi, avec le prince de Piémont. Paris et la cour blâmèrent l’inconvenance des rôles que jouaient dans cette pièce les noms de la famille régnante, et la puissance avec laquelle on contractait une nouvelle alliance[1]. Une lecture de cet ouvrage, faite par le comte de Guibert dans les cabinets de la reine, avait produit dans le cercle de Sa Majesté ce genre d’enthousiasme qui

  1. Ce n’était pas un sujet heureux, il faut en convenir, que celui du Connétable de Bourbon pour une représentation donnée devant tous les princes français. On pourrait être également surpris